18 février 2019

Jacques LAVIGNE

Jacques Lavigne 1919-1999
Formé au Collège Jean-de-Brébeuf de Montréal et à l'Université de Montréal, il est d'abord professeur à la Faculté des sciences sociales (chaire de philosophie et de théorie politique), puis au Département de philosophie.  Il enseigne ensuite au Co
llège Jean-de-Brébeuf(1953-1966) et termine sa carrière d'enseignant au Collège de Valleyfield.  Intéressé par l'évolution du symbolisme et par la question de l'objectivité, il est l'une des grandes figures du renouveau de la philosophie qui a précédé la Révolution tranquille.   Son livre majeur(L'Inquiétude humaine, 1953) lui assure une renommée internationale.  Proche de la grande tradition réflexive française, il montre beaucoup d'intérêt pour la pensée de Maurice Blondel; la suite de ses écrits, notamment(L'Objectivité, 1971) confirme son évolution vers une philosophie de l'esprit marquée par l'existentialisme et influencée par la psychanalyse.  Il fut le professeur de l'écrivain Hubert AQUIN et du cinéaste Gilles Therrien.

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Jacques Lavigne (1919-1999) est un philosophe canadien. Auteur de L'Inquiétude humaine, il est parfois considéré comme le premier philosophe de la modernité à voir le jour dans la province de Québec.
 Ouvrages et textes publiés [modifier]

• «L’automne et le paresseux », Brébeuf, vol. 3, no 4,20 nov. 1935, pp. 2-3.

• « Le Plafond de la Sixtine! », Brébeuf, vol. 4, nos 19-20-21-22, 18 juin 1937, p. 14.

• « La Sociabilité », Brébeuf, vol. 6, no 3, 3 déco 1938, p. 8.

• « Pêcheurs de Gaspésie », La Mauricienne, vol. 3. no 3, mars 1939, p. 15

• «La Gaspésie, extrait », Brébeuf, vol. 6, no 8, 17 mai 1939 p. 7.

• «Racine et l’humanisme ou le Racine des hommes d’affaires », Brébeuf, vol. 6, no 8, I7 mai 1939, p. 5,

• « Vivre grand », Brébeuf, vol. 6. no 8, 17 mai 1939, p. 8.

• «À la mémoire de mon ami ... », Brébeuf, vol. 7, no 1, 7 oct. 1939, p. 2.

• «Propos de printemps », Brébeuf, vol. 7, no. 6, 23 mars 1940, p. 1.

• « Conseils aux finissants », Brébeuf, vol. 7, nos 8-9, 12 juin 1940 pp. 8-9.

• « Écritures », Brébeuf, vol. 8, no 1, 28 sept. 1940, p. 2.

• « Le Verbe en moi », Brébeuf, vol. 8, no 2, 30 oct. 1940, p. 2.

• «Divagations sur l’art », Brébeuf, vol. 8, no 3, 22 nov. 1940, p. 2.

• «La jeunesse et le sourire », Brébeuf, vol. 8, no 4, 21 déc. 1940, p. 2.

• «L’âme de la jeune fille », Brébeuf. vol. 8, no 6, 19 mars 1941, p. 2.

• «Les Penseurs et les Faiseurs », Brébeuf, vol. 8, no 7, 25 avril 1941, p. 6.

• «Note du Rédacteur en chef », Brébeuf, vol. 8, no 8, 29 mai 1941, p. 7.

• « D’un élève aux Anciens », Brébeuf, vol. 8, no 8, 29 mai 1941, p. 7.

• «Les finissants », Brébeuf, vol. 8, no 9, 19 juin 1941, p. 3.

• «A la mémoire de Claude Bernard », Brébeuf, vol. 9, no 3, 24 nov. 1941, p. 11,

• « Le philosophe peut-il être un homme? », Amérique française, 2e année, t. 2, no 3, nov. 1942, pp. 24-5.

• «Le monde a-t-il des principes? », Amérique française, 2e année, t. 2, no 4, janv. 1943, pp. 19-21.

• «Le monde a-t-il des principes?, II », Amérique française, 2e année, t. 2, no 5, fév. 1943, pp. 5-8.

• «La transcendance est-elle réelle? », Amérique française, 2e année, t. 2, no 7, avril 1943, pp. 35-46.

• « Exigence », Amérique française, 3e année, no 17, nov. 1943, pp. 1-3.

• « Philosophie », Le Quartier latin, vol. 26, no 20, 24 mars 1944, p. 9. Repris dans Amérique française, 3e année, no 21, mai 1944, pp. 17-21.

• «Les Penseurs et les Faiseurs », Le Quartier latin, vol. 27, no 10, 7 déc. 1944, p. 4. Reprise du texte publié dans Brébeuf, le 25 avril 1941.

• « A un jeune penseur: les exigences du métier de philosophe », Le Quartier latin, vol. 27, no 14, 2 fév. 1945, p. 8.

• «Picrochole », Brébeuf, vol. 12, no 10, 26 mai 1945, p. 10,

• « Mission d’une faculté de philosophie », Amérique française, 5e année, no 5, mai 1946, pp. 10-4.

• «Jeunes devant la profession », Jeunesse canadienne, vol. 12, no 8, déc. 1947, p.5.

• « Communisme et esprit chrétien », Le Quartier latin, vol. 32, no 39, 17 mars 1950, p. 1.

• « Laïcisme et laïcat », Le rôle des laïcs dans l’Église, Carrefour 1951, Montréal, Fides, 1952, pp. 151-7.

• « Les intellectuels catholiques à la recherche d’une culture nationale », Pax Romana, Fribourg-Suisse, no 1-2, fév. 1952, p. 2 et 4.

• « Le Centre catholique des intellectuels canadiens », Le Quartier latin, vol. 34, no 38, 14 mars 1952, p. 4.

• « La vie universitaire », Mission de l’université - Carrefour 1952, Montréal, Centre catholique des Intellectuels canadiens, 1952, pp. 28-34.

• L’INQUIÉTUDE HUMAINE, Paris, Aubier, Éditions Montaigne, 1953, 230 p., « Philosophie de l’esprit».

• « Propos sur l’amour », L’École des parents, vol. 5, no 5, mai 1954, pp. 3-5.

• «La Figure du monde », Mélanges sur les humanités, publication du collège Jean-de-Brébeuf, Montréal, Québec/Paris, Presses Universitaires Laval/Librairie J. Vrin, 1954, pp. 133-51.

• « Sclérose de notre pensée créatrice », Le Quartier latin, vol. 37, no 22, 3 mars 1955, p. 7.

• «Une tentation chère aux professeurs », Le Quartier latin, vol. 37, no 22, 3 mars 1955, p. 8.

• Réponse à « Que pensez-vous de la culture des étudiants? », Le Quartier latin, vol. 37, no 22, 3 mars 1955, p. 6.

• Réponse à «Les professeurs ont-ils une culture suffisante? », Le Quartier latin, vol. 37, no 22, 3 mars 1955, p. 7.

• Réponse à «Le professeur doit-il se lancer dans l’action sociale, culturelle ou politique?, Le Quartier latin, vol. 37, no 22, 3 mars 1955, p.8.

• Réponse à « Avons-nous une liberté de pensée? », Le Quartier latin, vol. 37, no 2, 3 mars 1955, p. 12.

• «Notre vie intellectuelle est-elle authentique? », Le Devoir, vol. 47, no 274, 22 nov. 1956, p. 17.

• «Les fonctions et les racines psychiques de l’activité philosophique», texte d’une conférence prononcée au tout début des années soixante, à la télévision de Radio-Canada, in BEAUDRY, Jacques, Autour de Jacques Lavigne, philosophe, Éditions du bien public, 1985, 168p., cf. pp. 132-149.

• L’OBJECTIVITÉ, ses conditions instinctuelles et affectives, Montréal, Leméac, 1971, 256 p., « Recherches sur l’homme ».

• Réponse de «Jacques Lavigne, professeur au Cegep de Valleyfield », Matériaux pour l’histoire des institutions universitaires de philosophie au Québec, Québec, Institut supérieur des sciences humaines, Université Laval, 1976, t. 2, pp. 92-3, « Cahiers de 1’1.S.S.H. - Études sur le Québec », 4

• « L’enseignement de la philosophie dans les cegeps », Le Devoir, vol. 69, no 71, 28 mars 1978, p.4.

• «La philosophie dans les cegeps », Le Devoir, vol. 69, no 77, 4 avril 1978, p.5.

• « Poste-face au texte «Philosophie» (1980) » in BEAUDRY, Jacques, Autour de Jacques Lavigne, Philosophe, Éditions du bien public, Trois-Rivières, 1985, 168p., cf. pp. 82-84 avec la note suivante :« Le 8 décembre 1980, j’adressais à Jacques Lavigne une première lettre dans laquelle je lui demandais de faire une relecture de son article «Philosophie », écrit en 1944, et de noter ce que lui inspirait, aujourd’hui, avec le chemin parcouru, ce texte toujours vivant. C’est un extrait de sa réponse datée du 20 décembre suivant, qui est reproduit ici.»

• « Jacques Lavigne », entrevue réalisée par Jean Larose et reproduite dans La Philosophie existe-t-elle au Québec ?, Montréal, Maison de Radio-Canada - Service des transcriptions et dérivés de la radio, 1981, pp. 1-12. (Textes d'une série de cinqémissions radiodiffusées, réalisation par Fernand Ouellette, animation par Jean Larose, présentées dans le cadre d' "Actuelles", au réseau français FM de Radio-Canada, du 30 nov. au 4 déc. 1981.)

• « Fonction de l’activité philosophique dans la conquête de l’objectivité à l’adolescence », conférence prononcée au Collège de Valleyfield le 1ier déc. 1983, in LE JEUNE ET L’ACTIVITÉ PHILOSOPHIQUE, Valleyfield, Département de philosophie du Collège de Valleyfield, 1984, 29 p., • « Conférences publiques ». [102, L411j]

• « Entretien avec Jacques Lavigne », par MADORE, Ghislain et RENAUD, Jean in Le beffroi, no 4, déc. 1987, pp. 81-96.

• PHILOSOPHIE ET PSYCHOTHÉRAPIE, ESSAI DE JUSTIFICATION EXPÉRIMENTALE DE LA VALIDITÉ ET DE LA NÉCESSITÉ DE L’ACTIVITÉ PHILOSOPHIQUE, Canada, Édition du beffroi, 1987, 300 p.

• « L’inquiétude aux aguets : entretien avec Jacques Lavigne », par Bernard LaRivière in La libre pensée québécoise*, no double 14-15, 1991, pp. 8-10.

• « L’enseignement de la philosophie aujourd’hui, Chapitre I, Extrait d’un livre en préparation de Jacques Lavigne », in La libre pensée québécoise*, no double 14-15, 1991, pp. 28-32.

    * « Dossier Jacques Lavigne » (avec des articles de Bernard Larivière, Marc Chabot, Pierre Vadeboncoeur, Robert Hébert, André Vidricaire, Rosaire Chénard, Jacques Cuerrier, Jacques Beaudry et un inédit de Jacques Lavigne), La libre pensée québécoise, no double 14-15, 1991, pp. 7-32.
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Chronologie

Tirée de l’ouvrage collectif dirigé par Jacques Beaudry, Autour de Jacques Lavigne,
philosophe, Histoire de la vie intellectuelle d’un philosophe québécois de 1935 à aujourd’hui, Trois-Rivières, Éditions du Bien Public, 1985.

1919 : Naissance de Jacques Lavigne.
Il étudiera au Collège Jean-de-Brébeuf où, dès ses Belles
Lettres, il s’intéresse à la philosophie.

1944 : Licence en philosophie à l’Université de Montréal.

1945 : Il enseigne la philosophie aux collèges Marguerite d’Youville,
Brébeuf, Loyola et à l’Université de Montréal.

1948-1951 : Il a été directeur des publications au Petit journal.

1952 : Doctorat sur l’inquiétude humaine. Mention « summa cum laude ».

1953 : Professeur titulaire à la Faculté des sciences sociales. Il entreprend
des recherches sur les rapports entre la psychanalyse et la philosophie.
Parution de son essai L’inquiétude humaine.

1954 : Il obtient une bourse de la Fondation Rockefeller pour la préparation d’une étude, « La Figure du monde », présentée dans le cadre des symposiums de l’année jubilaire du Collège Brébeuf.

1956 : Un article dans Le Devoir, « Notre vie intellectuelle est-elle authentique ? ».

1959 : Il doit quitter l’Université de Montréal qui ne reconnaît pas la
valeur de ses recherches, à partir des méthodes expérimentales de
la psychanalyse, sur le contenu symbolique du discours philosophique.

Il devient titulaire de Philosophie I au Collège Jean-de-Brébeuf et régent de tout l’enseignement philosophique de cette institution.

1961 : Il doit quitter le collège qui a adopté, face à ses recherches, la même conduite que l’université.

Suivront quatre années de chômage forcé.

1965 : Il enseigne au Collège de Valleyfield.

1971 : Parution de L’objectivité, ses conditions instinctuelles et affectives.

1987 : Parution de Philosophie et psychothérapie, essai de justification expérimentale de la validité et de la nécessité de l’activité philosophique.

1999 : Mort de Jacques Lavigne.
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Jacques Lavigne
Biographie en résumé
Certains, Jean Larose et Marc Chabot notamment, voient en Jacques Lavigne le premier des philosophes québécois. Il fut certainement l'un des premiers penseurs québécois à poursuivre sa réflexion hors de la voie thomiste balisée par une Église qui,jusqu'aux années 1960, avait le monopole de la vie intellectuelle au Québec.

Vie et œuvre
«Dans Autour de Jacques Lavigne, philosophe, Jacques Beaudry note, références à l’appui, que le premier ouvrage de Jacques Lavigne, L’inquiétude humaine (éditions Montaigne, 1953), avait reçu un très bon accueil des critiques littéraires du temps.Avec cet ouvrage, Lavigne traçait un chemin pour sortir en douceur du thomisme qui régnait à l’époque.

Certes, les circonstances de la vie ont brouillé les pistes. Il y a eu l’exclusion de Lavigne du monde universitaire, bien sûr. Mais il y a eu aussi le climat politique qui régnait à l’époque, climat d’impatience politique, de remise en question radicale. Les circonstances ont sans doute fait en sorte que cette oeuvre d’un individu qui se disait «penseur chrétien » se perde (en partie) et qu’elle soit (partiellement) ignorée des générations suivantes.

Mais le propre d’un classique, comme le disait Italo Calvino, c’est de sans cesse réapparaître. Alors retournons au texte, à L’inquiétude humaine. Quelle était la visée de l’auteur? Très ambitieuse, comme il se doit. Lavigne voulait «saisir la marche de la vie de l’homme sollicité, dans sa pensée et dans son appétit, par un Absolu qu’il se dispose à recevoir en Le cherchant, et qu’il ne peut trouver sans se donner librement à Lui». Qu’est-ce à dire?

Après avoir posé le problème de l’inquiétude humaine et avoir exposé les éléments constitutifs de l’existence humaine (la vie sensible et la vie psychique), avoir aussi compris à sa manière le tournant linguistique - «Sans l’aide des signes, la vie psychique serait impossible », écrivait-il à la page 91) -, Lavigne ira explorer la science, l’art et la société, toujours en quête d’une réponse, d’une satisfaction qui pourrait apaiser l’inquiétude fondamentale de tout être humain.

Quatorze ans avant Le hasard et la nécessité du biologiste Jacques Monod, Lavigne écrivait : «La science ne montre pas que la matière a engendré la vie et celle-ci l’esprit; elle enseigne que le cosmos, la terre et les astres, les animaux et les hommes se sont formés à une certaine période du temps et qu’ils auraient pu ne pas être si certaines conditions improbables ne s’étaient réalisées. Le hasard est inclus dans l’évolution de l’homme» (p. 144).

Bien avant les luttes intestines qui ont déchiré la gauche lors du premier référendum, Lavigne faisait déjà un peu d’ironie à l’égard du socialisme réel : «Le communisme combat l’idée de patrie et, cependant, il l’exalte en U .R.S.S...» (p. 194).

Et en bon philosophe qui a un tel souci de l’ordre qu’il n’en tolère aucune caricature, Lavigne a fait une critique virulente de l’ordre capitaliste établi. Entre autres, dans ce passage, où il refuse que la loi du commerce devienne la loi générale : «Ce qui rend le capitalisme néfaste ce sont moins ses imperfections pratiques que ses prétentions à la domination de toutes les activités de l’homme [...]. Ce qui est nocif, ici, ce n’est pas tellement de chercher le profit dans les affaires, mais de vouloir que tout soit une affaire; de contaminer tous les secteurs où l’action et la pensée désintéressées avaient coutume de se développer librement; de se priver par là même du seul ferment capable de faire accéder la vie économique à l’humanisme» (p. 191)
En lisant de telles réflexions, je suis prêt, à l’instar des Jean Larose, des Marc Chabot et de bien d’autres, à reconnaître en Jacques Lavigne «le premier de nos philosophes». Mais revenons au texte. À la fin de son enquête, Lavigne dira qu’il nous est impossible de combler le manque qui nous habite par nos seules
oeuvres ou constructions sociales. Il faut que l’humain soit pour ainsi dire révélé à lui-même. En apparaissant dans le monde, dirait Hannah Arendt. Mais Lavigne,penseur chrétien, posera plutôt la question de l’absolu. Comment? Afin de donner un peu la couleur de son style,j’ai pensé vous soumettre deux extraits de l’ouvrage. Le premier traite de la manière dont Lavigne se représentaitl’inquiétude humaine. Le second rappelle la conclusion à laquelle il arrivait au terme de son ouvrage.»

ANDRÉ BARIL, Revue Combats, Vol n7, No 1

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